Billet d'humeur...
Propos de Pierre Yves Gomez, professeur à l’EM Lyon Business School, lors d’une interview donnée au magazine Santé & Travail :
« Ramené à une idée abstraite, le travail est de moins en moins valorisé pour lui-même, et donc de moins en moins créateur de valeur. En réaction, les entreprises l’ont encore intensifié, ont ajouté du contrôle au contrôle … Mais le système s’est épuisé, l’intensification a atteint un palier au milieu des années 2000.
Des manipulations de chiffres ont pu donner l’impression que la croissance était encore là, mais la crise a finalement éclatée, née de l’incapacité à fonder l’économie sur le travail. C’est la crise d’un modèle d’économie financiarisée qui atteint sa limite parce qu’il a épuisé le travail.
Il faut « réenchanter » le travail : le désigner à nouveau comme le moteur de la création de la valeur, partir du travail réel pour élaborer le management, et non l’inverse. Et ainsi réarticuler les projets d’entreprise sur le travail humain, les recentrer sur sa valorisation. […]
Il n’y a pas d’alternative : pour assurer leur survie, les entreprises vont devoir se débarrasser d’infrastructures gestionnaires lourdes pour se rebâtir sur la réalité du travail ».
Quelques commentaires : Partir du travail réel pour élaborer le management, c’est ce qu’on retrouve aujourd’hui au cœur des démarches de prévention des RPS, notamment dans le modèle C2R de l’ANACT. Le contrôle de gestion est certes nécessaire à l’entreprise, mais trop de la même chose fait que la solution devient le problème.
Une entreprise ou une collectivité est une chose trop sérieuse pour la confier uniquement à des contrôleurs de gestion.
|